Qui a osé
mélanger dodécaphonisme et mirliton ?
Frank Zappa, épaulé par ses ineffables
Mothers of Invention, pose ici une nouvelle pierre sur sa route
musicale à la fois complexe et loufoque,
et dans le jardin des hippies dont il s’évertue à piétiner à
grands pas les pelouses fleuries.
Le petit monde de San Francisco en prend pour son grade et les
naïfs enfants des fleurs y sont tournés en ridicule,
qui pensent que leurs doux rêves auront si facilement raison
de la dureté du réel. Car notre Frank est un caustique, et ne
croit pas beaucoup que l’Amérikkke,
qui a une guerre, un dollar et des valeurs conservatrices à
défendre, se laissera longtemps donner des leçons sans imposer
un retour à l’ordre par un retour du bâton.
Les morceaux, tranchant avec les tics de l’époque,
se ramassent sur deux minutes, entrelaçant leurs lianes musicales
pour un résultat touffu, plein de chausse-trappes paranoïaques
: l’autre face du miroir du Sgt Pepper’s Lonely Heart Club
Band des Beatles ?
(La pochette ci-dessus, en forme d’ironique plagiat du Sgt
Pepper’s, originalement souhaitée par Zappa mais repoussée
par sa maison de disques, a été finalement réhabilitée lors
de la réédition par Ryko en 1986). |