«
Le funk, c’est le prolongement du carnaval."
George Clinton
« Say it loud ! I’m Black and I’m proud !” : “Dis-le haut et fort ! Je suis Noir et j’en suis fier ! ». En ces années 60 finissantes, la chanson de James Brown claque comme un slogan dans une Amérique où l’intégration est en péril. Malcom X est mort en 1965 ; en 1967, Mohammed Ali, champion du monde de boxe, est déchu de ses titres pour avoir refusé d’aller combattre au
Vietnam ; les émeutes ravagent les ghettos noirs des grandes villes, faisant de nombreuses victimes ; l’assassinat de Martin Luther King en 1968 est un grave traumatisme ; la même année, devant les caméras du monde entier,
sur le podium des Jeux Olympiques de Mexico, des athlètes noirs américains, à la remise des médailles qu’ils ont conquises , lèvent le poing face au
drapeau américain, à la manière des Black Panthers : pour les Noirs, l’heure est aux espoirs déçus et à la désillusion, les relations se tendent et les positions se radicalisent.
Tandis que le free jazz bouscule le jazz, les Noirs américains s’inventent aussi une musique populaire qui s’éloigne des critères appréciés par les Blancs :
le funk. Depuis 1965, les musiciens de James Brown (dont Maceo Parker) travaillent à forger le style. Souvent, la structure ne ressemble plus à une
chanson, et, tout en longues phrases hypnotiques, renoue avec les
développements du jazz. La rythmique y occupe une place de choix,
l’improvisation y est bienvenue, les cuivres surgissent en phrases courtes et acérées tandis que guitare électrique et surtout basse et batterie tricotent un système complexe truffée de syncopes emboîtées les unes dans les autres. Cette musique touffue comme une jungle a tout pour vous faire bouger les fesses et vous faire transpirer : elle se souvient de La Nouvelle Orleans qui fut son berceau, et de son carnaval. Un vent torride balaie l’Amérique, puis le monde, tandis que les puritains s’offusquent de cette musique débridée et de la fièvre dont elle enflamme les corps. Les ventes d’albums s’envolent, grâce à des groupes plus sophistiqués dont la musique est plus (trop ?) léchée, qui préfigurent le disco. D’autres, déjà, pensent à y ajouter une bonne dose d’électronique : pour que même les machines se mettent à swinguer, il suffit de les gaver de funk.
Bernard
Poupon
Mars 2005
Quelques
disques essentiels :
METERS - Kickback (Night and Day)
James BROWN - Sex machine (Polydor)
SLY and the FAMILY STONE - There’s a riot goin’ on (CBS)
Stevie WONDER - Hotter than July (Motown)
Isaac HAYES - Shaft ( Carrere)
Curtis MAYFIELD - Superfly (Curtom)
FUNKADELIC - One nation under a groove (Priority)
PARLIAMENT - Chocolate city (Polygram)
Bootsy COLLINS - Keepin dah funk alive 4-95 (Warner)
The OHIO PLAYERS - Fire (DTS)
KOOL & the GANG - Ladies night (Mercury)
EARTH WIND & FIRE - Plugged In and Live (Arcade)
CAMEO - Word up (Mercury)
Roger TROUTMAN - Bridging the gap ( Reprise)
Rick JAMES - Street songs (Motown)
PRINCE - Sign 'O ' The Times (WB)
Michael JACKSON - Off the wall (Epic)
Ces compacts sont disponibles à la
discothèque
Consulter
le catalogue
Pour en savoir plus :
Quelques livres essentiels :
Marc ZISMAN – Le Funk : de James Brown à Prince (Librio musique)
Hervé CRESPY et Bruno BRUGERA—Funk connection (Vents d’Ouest)
Quelques sites internet :
We Go Funk
Only Funk
Linkadekic
Funk45.com
P-Funk review
|