Musicalement, blues et gospel ont de profondes similitudes. Mais leurs thématiques sont bien différentes : car si le blues est perçu comme la musique du diable, le gospel est la musique de Dieu.

A partir de 1730, les protestants américains commencent à évangéliser massivement les esclaves, et en 1774 un Noir est, pour la première fois, autorisé à prêcher, ouvrant la voie aux développement des églises noires.

Les esclaves, au contact de la Bible, entendent parler d’espoir, de rédemption, d’un ailleurs et d’un futur meilleurs. Comment ne pas s’identifier au peuple de Moïse souffrant sous la loi de Pharaon, comment ne pas voir en Canaan, la terre promise, un autre nom de Canada, où, là-bas vers le Nord, on ne pourchasse pas les esclaves en fuite ? Les negro spirituals, essentiellement ruraux et qui rappellent les vieux chants de travail des plantations, se modifient peu à peu en gospel, davantage associé aux villes. Les meilleurs prêcheurs, lors de sermons inspirés repris par le chœur des fidèles, parlent, chantent, improvisent sur les paroles de l’Ancien et du Nouveau Testament, et le Christ est perçu comme un frère de souffrance.

Dès 1930, le gospel s’échappe des églises pour se frotter au music-hall et aborder le monde du disque. Pianiste et chanteur de blues connu, Thomas A. Dorsey devient au cours des années 30 le premier grand auteur-compositeur de gospel moderne. Il écrit des dizaines de chansons dont certaines deviendront des classiques. Les Noirs américains, vivant sous le régime de lois d’apartheid dans le Sud et dans la misère des ghettos dans le Nord, écoutent le genre avec passion. La grande chanteuse Mahalia Jackson portera le style à ses sommets durant les années 50, et sera la reine incontestée de cet âge d’or du gospel.

Perçu parfois comme bien-pensant par certains activistes noirs (qui lui reprochent de prôner l’acceptation terrestre de sa condition et d’être la musique des Noirs qui cherchent à imiter les Blancs), il n’en demeure pas moins que le gospel a préparé et participé au Mouvement des Droits Civiques et au combat mené par Martin Luther King.

Aujourd’hui, après une période de relative éclipse, le gospel bénéficie d’un vif regain à la faveur du renouveau des chorales.

Bernard Poupon
Mars 2005

Quelques disques essentiels :

Gospel : Negro spirituals, gospel songs, 1926-1942 (Frémaux)

Testify ! : the Gospel box (Rhino)

Greatest gospel gems (Specialty)

Gospel greats : sweet Lord (Charly)

Gospel sisters & divas : 1943-1951
(Frémaux et Associés)

Women of gospel's golden age vol.1 (Specialty)

The SOUL STIRRERS – Shine on me (Specialty)

THE ORIGINAL FIVE BLIND BOYS OF ALABAMA -
The Sermon (Fantasy)

Mahalia JACKSON – Gospels, spirituals & hymns (Columbia)

Aretha FRANKLIN – Songs of faith (Vogue)

GOLDEN GATE QUARTET – The Very best (EMI)

Liz McCOMB – Live (Columbia)

Bishop Paul S. MORTON, Sr. & The GREATER ST. STEPHEN MASS CHOIR –
We offer Christ (Frémaux & Associés)

Ces compacts sont disponibles à la discothèque
Consulter le catalogue



Pour en savoir plus :

Quelques livres essentiels :


Noël BALEN – L’Histoire du gospel et du negro spiritual (Fayard)

Denis-Constant MARTIN— Le Gospel afro-américain : des spirituals au rap religieux (Actes Sud)

Jean BUZELIN—Spirituals et gospels : chants d’espoir et de liberté (Ed. du Layeur)


Quelques sites internet :

The Library of Congress: gospel
Black gospel

 
Voir fiche suivante :
Du blues au rap 3 : le rhythm'n'blues