La chanteuse Lisa Portelli rejette l’idée d’un album de l’âge adulte.
Et si Absens était l’album d’une renaissance ? Dans ce troisième album, Lisa Portelli navigue dans les sonorités électroniques qu’elle avait laissé s’exprimer dans son précédent album l’Innocence sorti en 2022.
En choisissant de s’exiler quatre mois en Bretagne – sur l’île de Molène – elle est partie à sa propre recherche et s’est laissée guider par la liberté…..une liberté artistique totale pour une artiste affranchie.
Lisa Portelli est autrice-compositrice-interprète.
A 10 ans, Lisa Portelli a pris des cours de guitare un peu par hasard. La suite de l’histoire s’écrit à Reims où elle obtient son bac et poursuit au conservatoire où elle acquiert avec le classique une rigueur qui lui permet maintenant d’enrichir ses chansons.
Sans hésitation la chanson prend le dessus sur le classique, et la rencontre de la guitare électrique – via le son de Jeff Buckley – fait le reste : Lisa Portelli sera chanteuse pour faire vivre ses musiques. A seize ans, étudiante en pension à Reims, elle écume les bars pour chanter.
En 2007, paraît son premier album sur un label de Reims crée autour d’elle. Elle a 20 ans et séduit par son audace musicale, son humour corrosif dans ses textes et son attitude entre pudeur et sauvagerie sur scène.
Très vite, les choses s’enchaînent avec un passage aux Découvertes du Printemps de Bourges, le prix Paris Jeune Talent, puis un opus « Le Régal » (2011) salué par la critique et les professionnels suivi d’une longue tournée (plus de cent cinquante dates).
Réalisé par Lionel Gaillardin (Kerenn Ann, Benjamin Biolay), Le Régal est un album précis, intense, homogène où l’ennui n’a aucune place.
On comprend mieux alors pourquoi elle cite Dominique A comme phare musical et qu’on la compare parfois à Rodolphe Burger ou PJ Harvey.
En effet, elle a de ces aînés là, l’inventivité et l’exigence. Le Régal est lumineux, fluide, à l’image de celle qui le fait vivre.
Mais quand les choses s’emballent, il est parfois salutaire d’appuyer sur pause.
Lisa Portelli avoue avoir eu le sentiment de s’être un peu perdue et de ressentir le besoin de se retrouver.
Sans doute parce qu’elle est habitée par une certaine spiritualité, elle part en retraite dans un couvent et fait vœu de silence pendant un temps pour se ressourcer.
Ce qui démontre une indéniable force de caractère.
En 2017, elle sort son troisième album, La Nébuleuse, co-écrit avec Andoni Iturrioz qui l’accompagne dans l’écriture de ses textes.
Elle s’y dévoile par touches et avec pudeur. À l’écoute, on est séduit par cette tenue rock, intense, rythmée, ces textes ciselés aux mots évocateurs et cette voix claire, limpide.
Deux excellents musiciens, Alexis Campet (basse), Norbert Labrousse (batterie), accompagnent divinement la demoiselle, dans une tension qui ne lâche pas du début à la fin. Ils seront rejoints sur scène par le guitariste Clément Simounet.
Du très bon rock et de la très belle chanson telle est l’équation de cette « Nébuleuse ».
En 2019, elle expérimente la joie de chanter ses chansons accompagnée au piano et compose l’album L’innocence, réalisé par Guillaume Jaoul et sorti en 2022. Un opus électro, inventif et particulièrement poétique. Elle découvre et apprivoise dans le même temps la Digitakt, boite à rythme qui l’emmène à la découverte de sonorités expérimentales électro.
Poursuivant ses expérimentations sonores, Lisa adopte une seconde boite à rythme, l’Octatrack, et part écrire en solitaire sur l’Ile de Molène l’histoire d’une femme qui quitte sa vie pour partir au fond des eaux, guidée par des êtres aussi étranges que familiers et finit recrachée par la mer, plus vulnérable et puissante que jamais.
C’est une fresque où se croisent chansons et musiques instrumentales – mêlant poésie, guitares denses, piano et créations électroniques.
Ce nouvel album, « Absens » – écrit, composé, produit et arrangé par Lisa, co-réalisé avec Guillaume Jaoul – est sorti début 2025.
VERS l’ABSENS
A la fin de la tournée de l’Innocence, Lisa décide de s’installer sur l’île de Molène, au large des côtes du Finistère. Seule durant quatre longs mois qui lui paraissent éternels, elle fait le choix d’un retour radical à la nature, doublé d’un geste artistique extrêmement puissant.
Inspirée par Antigone et son histoire de femme qui laisse brusquement la vie de côté, elle entreprend la quête que tout être humain devrait mener, qui consiste à redevenir un être sauvage, débarrassé de toutes les injonctions sociétales, relationnelles, familiales.
Lisa passe ses journées seule à écrire, dessiner, à courir dans la landes, à rêver sous la voûte céleste : « J’étais totalement seule sur cette île, dont tu peux faire le tour en trente minutes, le vent était permanent et je courais, je courais, ivre de liberté et dotée d’une puissance incroyable. J’étais isolée, je mettais la musique à fond, j’avais choisi de quitter ma vie et j’ai vécu pleinement ce choix. C’était un enchantement perpétuel ».
Hypersentitive, faisant corps avec la nature, cette aventure émotionnelle et existentielle guidera la trame de ce quatrième disque aux-airs de chef-d’œuvre d’art conceptuel.
Le retour au réel, qui inspirera la fin de cet album-concept, est violent, mais fondamental – comme elle le raconte aujourd’hui : « Quand je suis revenue, quelque chose était mort, mais j’ai ré-apprivoisé le réel autrement, en gardant quelque part cette radicalité ».
C’est le moment que choisit Lisa pour se plonger dans la découverte des boîtes à rythmes, dont elle saisit rapidement tout le potentiel créatif, en totale autodidacte : « J’ai beaucoup utilisé l’Octatrack pour les rythmiques et les kicks, le Roland pour les sons un peu bizarres et expérimentaux, et pour les synthés, le Juno et le Jupiter, des synthés modulaires ». Guillaume est là pour la guider dans son rôle de productrice, il est aussi une oreille attentive qui lui permet de clarifier et d’aérer certaines pistes électroniques.
A la manière de Hanz Zimmer, à grand renfort de logiciels numériques et de synthétiseurs, Lisa compose donc la bande originale de l’histoire d’une femme qui décide de quitter la vie sociale pour suivre Ondine, une être des eaux qui va l’emmener dans les profondeurs de l’Océan, à la découverte de paysages fantasmatiques mais aussi à la redécouverte d’elle-même, et de sa pureté originelle, avant d’être violemment recrachée sur le rivage, plus vulnérable que jamais.
Des allers et retours s’enchaînent alors entre le studio parisien de Guillaume Jaoul, et des résidences avec son équipe de scène – à Rouen, Nantes, La Rochelle & l’Ile de Ré – une phase de performance qui lui permet de se libérer définitivement vocalement et d’embrasser ses qualités naturelles d’ensorceleuse et de poétesse de l’instant extatique : « Le fait de travailler la voix sur scène m’a fait gagner en amplitude et en diversité, je me suis amusée à expérimenter, à réciter dans un état second, à susurrer de façon plus sauvage, mais aussi à « crier » plus fort. J’ai laissé sortir ! ».
A mesure que le propos avance, entre explosions de vagues électroniques, boîtes à rythmes hypnotiques et guitares transformées en « boucles sales et chamaniques», Lisa est saisie par un nouvel élan de créativité poétique et décide de tester l’écriture automatique : « La poésie ce n’est pas juste fait pour être beau, j’ai eu des visions très sensorielles sur l’île, comme si je ressentais tout puissance dix, et je voulais extérioriser cela avec cette forme d’écriture très instinctive. Quelque chose de plus brutal, de frontal pour le live ».
Inventé sur une île au large du Finistère et travaillé d’arrache-pied entre apprentissages, studio parisien et résidences sur la côte Atlantique, ABSENS est le fuit de la quête spirituelle d’une femme qui décide de plonger radicalement dans la pureté et la violence les éléments, et de son retour résolu vers la réalité et la société, en pleine conscience et en pleine humanité.
Les CD ci-dessous sont disponibles dans les bacs du secteur Musique de la Bibliothèque de Montreuil.
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