En 2014, la chanteuse Himiko Paganotti et le pianiste Emmanuel Borghi lancent le groupe HIMIKO. Leur musique puise dans la multiplicité des esthétiques (pop, électro, jazz..) pour développer des univers intimistes et magiques et des climats sonores à la « complexe simplicité ». Cette liberté inventive est au service d’une musique ambitieuse et ensorcelée dont la virtuosité étonne et qui s’inspire à la fois de Portishead, Tim Burton, Laurie Anderson ou Kate Bush. Leur album Nébula, sorti en juin 2017, les réunit accompagnés du maestro Bernard Paganotti à la basse, d’Antoine Paganotti à la batterie. Un collectif incontestablement familial à la grande musicalité.
Himiko PAGANOTTI (Chant, composition)
Née en France, de père italo-espagnol et de mère japonaise, son père est le bassiste Bernard Paganotti, et sa mère est l’artiste peintre Naoko Paganotti. Elle étudie la danse classique dès l’enfance, et commence à chanter dès l’adolescence. Sa première expérience sera de faire les choeurs dans le groupe sénégalais Toure Toure. Parallèlement, elle rejoint le groupe aux influences pop-rock, Monkey Toon, qui devient son premier projet en tant que chanteuse lead, et dans lequel elle se lance dans la composition. Elle collabore avec de nombreux artistes (Toure Kunda, Sixun, Patrick Gauthier, 13NRV, Juan Rozoff, Régis Ceccarelli, Coco M’Bassi, Céline Bonacina…) et fera partie du groupe Magma pendant 7 ans. C’est en quittant Magma qu’elle développe le projet Paghistree, un duo électropop avec le pianiste Emmanuel Borghi. La rencontre de John Trap orientera leur musique vers un nouveau projet en trio, Slug, le temps de deux albums. Aujourd’hui, elle continue de prêter sa voix à divers projets, notamment aux côtés de Nguyên Lê, Sophia Domancich, John Greaves, Michael Mantler… En 2014 naît le groupe HIMIKO, dans lequel elle compose, écrit et chante, toujours en collaboration avec Emmanuel Borghi. Ensemble, ils créent un univers très personnel de “pop songs à la très complexe simplicité…” (Les Inrocks).
Emmanuel BORGHI (Claviers, composition)
Il débute sa carrière au milieu des années 80 dans le sextet du batteur Simon Goubert. De 1987 à 2008, il collabore avec Christian Vander dans la plupart de ses projets (Magma, Offering, Christain Vander Trio…). Parallèlement, il intervient ponctuellement en tant que sideman aux côtés de musiciens de la scène jazz française et internationale (Steve Grossman, Stafford James, Peter King, Sarah Lazarus et bien d’autres…) En 1996, il s’installe à Mâcon, intègre le Collectif Mu, et fonde le groupe One Shot avec Philippe Bussonnet, Daniel Jeand’Heur et James MacGaw. En 2002, il se joint à NHX, groupe de fusion électro-jazz fondé par le saxophoniste Gaël Horellou. A son départ de Magma, il crée Paghistree, un duo électro-pop avec la chanteuse Himiko Paganotti. En parallèle, il participe à diverses formations de jazz (Emmanuel Borghi Trio avec Antoine Paganotti et Blaise Chevallier, David Prez / Emmanuel Borghi Electric Project avec Simon Tailleu et Antoine Paganotti, Caillou avec Philippe Gleize…). La rencontre de John Trap orientera la musique de Paghistree vers un nouveau projet en trio, Slug, le temps de deux albums. En 2014 naît le groupe HIMIKO, exprimant un univers personnel de “pop songs à la très complexe simplicité…” (Les Inrocks).
Ci-dessus la chronique du l’album Nebula rédigé par Denis Desassis et publié en juin dernier sur Citizen-jazz
On pourrait évoquer le fait que les quatre musiciens réunis sous la bannière HIMIKO – car c’est bien désormais le nom d’un groupe et plus seulement un prénom – ont, un jour ou l’autre, été membres de Magma. Et pour certains en des temps reculés. Il serait tout aussi possible de souligner le caractère familial d’une petite entreprise musicale qui en ferait presque un cas d’école. On serait avisé, enfin, de se rappeler un premier duo unissant Himiko Paganotti et son compagnon (à la ville comme à la scène) Emmanuel Borghi, sous le nom de Paghistree. Un duo devenu trio et baptisé Slug à l’occasion d’une association avec le guitariste John Trap, comme le prouvent deux disques qui virent le jour il y a quelques années. Une fois rassemblés ces indices plus ou moins épars, on se dit qu’une histoire est en marche depuis un bon bout de temps, avant de se réjouir de la parution de Nebula chez Assaï Records, le label de Bertrand Lajudie et Stéphane Chausse. Voilà un album captivant dont la pochette noir sur noir n’est pas sans faire penser à la version LP de l’ultime David Bowie, Black Star.
Et comme chez Pierre Soulages, du noir peut surgir la lumière. Parce qu’en réalité, Nebula est un disque aussi lumineux que son apparence est sombre. Surtout, il se présente comme le signal d’un nouveau départ qu’on souhaite décisif. Bien sûr, les oreilles les plus exercées avaient pu déceler depuis belle lurette le talent de la chanteuse à travers différentes expériences où son registre vocal très étendu faisait merveille : au sein de Magma tout d’abord, quand sa voix avait d’emblée trouvé une place centrale dans le chœur kobaïen ; aux côtés de Nguyên Lê pour des Songs Of Freedom étincelants ; sans oublier John Greaves, Sophia Domancich ou Michael Mantler. Ces mêmes oreilles savaient tout le talent d’Emmanuel Borghi, dont il faut réécouter le beau Keys, Strings & Brushes en 2012. Et que dire de l’actif Antoine Paganotti, ici batteur mais dont le talent de chanteur est reconnu, comme le prouve le récent Clinamens signé du pianiste Patrick Gauthier ? Ajoutez un Bernard Paganotti, bassiste qui fit autrefois ses armes aux côtés de Christian Vander et vous obtenez un combo en état de lévitation. Et puisqu’il est ici question d’un père et de son fils, on saluera sans attendre la qualité d’une rythmique qui gronde et pousse avec un plaisir non dissimulé ses pions sur l’échiquier féérique d’un album qu’on déguste comme une gourmandise. Prenez deux exemples tels que « Nebula » et « No Witness », vous comprendrez aussitôt de quoi il retourne.
Avec HIMIKO, il n’est pas vraiment question de jazz, même si cette musique habite chacun des musiciens en présence, à des degrés divers. Il faudrait plutôt parler de pop songs oniriques et d’atmosphères ensorcelantes. Certains n’hésitent pas à évoquer un univers à la Tim Burton : c’est en effet une bonne façon de délimiter en quelques mots les contours de ce qui se trame au fil de dix compositions au gré desquelles on croise deux invités en la personne de Nguyên Lê à la guitare et, comme un revenant, de… Ronnie Bird au chant (« I Don’t Want Out »). Himiko Paganotti et Emmanuel Borghi quant à eux s’en donnent à cœur joie, celle des enlumineurs qu’ils sont au plus intime de leur vibration. On ressent l’amour qui circule entre eux dès lors qu’il s’agit de faire chavirer le climat vers des espaces sans nom, volontiers secrets et ludiques. D’un bout à l’autre du disque, le travail du pianiste est d’une étonnante richesse harmonique, rythmique et picturale ; de son côté, la voix d’Himiko, plus envoûtante que jamais (écoutez par exemple la magnifique ballade qu’est « Pearl Diver »), ne cesse de se faufiler entre les nombreux et malicieux interstices des effets qu’elle lui applique pour ajouter au mystère ambiant. Nebula sent le coup parfait.
Ces musiciens-là pratiquent l’enchantement en toute décontraction : il faut s’abandonner sans réserve à leurs rêves d’enfants, partir avec eux à la quête des trésors cachés qu’ils révèlent en sortant de l’ombre et qu’ils étaient peut-être les seuls à connaître. On ne les remerciera jamais assez d’avoir bien voulu les partager. Go HIMIKO ! (Denis Desassis)
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Retrouvez les photos du concert d’Himiko à la Bibliothèque de Montreuil le 3 juin 2017